30/10/2013

Oracle critique la fiabilité des solutions open source... non sans réactions

L'éditeur propriétaire publie un livre blanc qui vise à remettre en question la politique open source du Département américain de la Défense. Utilisées seules et donc dans le cadre d'un contrat de prestation de services incluant des tests, la maintenance..., les solutions open source seraient moins économiques pour le gouvernement et/ou moins fiables.

Oracle a décidé de contrer la politique open source du Département américain de la Défense (DoD). Dans un livre blanc intitulé The Department of Defense (DoD) and Open Source Software, l'éditeur s'attaque à l'idée que les solutions open source sont moins coûteuses pour les sociétés utilisatrices et va jusqu'à remettre en question leur fiabilité.

Selon l'éditeur, l'idée que les solutions open source sont moins chères ne prend pas en compte les coûts liés aux tests et à l'intégration des solutions mais également à la maintenance, réalisés par le fournisseur propriétaire dans le cadre d'une prestation de service. Damien Clochard, co-fondateur de Dalibo, société Sponsor Platinum du projet PostgreSQL, conteste toutefois ces calculs dans Silicon.fr. Même s'il reconnaît que les solutions libres ont un coût, selon lui, « l’Open Source reste largement en dessous du budget induit par l’adoption de solutions Oracle ».

Autre élément critique notamment mis en avant par Oracle : pour les logiciels open source, le développement de patchs de sécurité ne serait pas toujours aussi rapide ni aussi complet.
Ainsi, selon Oracle, les solutions open source non adossées à un contrat commercial incluant notamment le test seraient moins sûres en matière de robustesse et de fiabilité.

Pour terminer, Oracle fait référence à sa collaboration à de nombreux projets open source (notamment Linux, PHP, Apache, Eclipse, Berkeley DB, MySQL) et explicite sa position sur ce marché : l'éditeur déclare que ses services permettent aux solutions open source de bien s'intégrer dans l'infrastructure dans laquelle elles s'inscrivent. En outre, selon lui, les logiciels open source ne sont pas adaptés aux projets d'envergure complexes et donc, ils ne permettent pas à l'entreprise utilisatrice d'effectuer une montée en charge. L'éditeur explique ainsi que, s'il considère que les solutions open source sont utiles pour les projets « simples », en revanche, pour les contextes où la sécurité est primordiale comme dans le cas du Department of Defense (DoD), il recommande ses propres logiciels propriétaires, indiquant que les solutions open source peuvent être utilisées comme « compléments » à ceux-ci.

L'indépendance, véritable enjeu des solutions d'entreprise selon Dalibo
On pourrait répliquer que les services de test, maintenance, intégration... fournis et mis en avant par Oracle sont également proposés par des prestataires pour les solutions open source. Et là réside d'ailleurs, selon Damien Clochard de Dalibo, le véritable enjeu du secteur : « l’indépendance ». Adopter une solution libre permet en effet de ne pas coupler logiciel + services, une équation incontournable avec le « vendor lock-in » quand on fait appel à des acteurs propriétaires comme Oracle. Avec un logiciel open source, il est ainsi possible de changer de prestataire de services quand on le souhaite. Par ailleurs, adopter un logiciel open source permet de mieux contrôler l'utilisation de ses données.

Un nombre de failles équivalent dans les solutions open source et propriétaires
À noter qu'Oracle ne se risque pas à mettre en cause la qualité même des solutions libres, d'ailleurs « prouvée » par le rapport Coverity Scan, qui analyse chaque année le code de plus de 300 projets open source afin d'évaluer leur qualité.

L'édition 2012 indique en effet que les logiciels open source sont toujours d'une qualité à peu près égale à celle des logiciels propriétaires, la densité de défauts s'élevant à 0,69 pour mille lignes de code pour les logiciels open source, contre 0,68 pour les logiciels propriétaires.

Un nouveau navire de guerre de la Navy américaine qui fonctionne sous Linux
Terminons en mentionnant le fait que, comme l'indique Ars Technica, le navire USS Zumwalt se sert de Linux pour plusieurs éléments.

Il utilise notamment des serveurs lames propriétaires faisant fonctionner Red Hat Linux placés dans une salle des serveurs robuste.

Par ailleurs, les systèmes non construits pour être connectés à un réseau IP sont connectés via des adaptateurs basés sur des ordinateurs à carte unique et sur Lynx OS, système d'exploitation temps réel de type Unix à présent compatible avec Linux. Ces adaptateurs permettent de relier au réseau différents systèmes tels que les systèmes d'ingénierie, les lance-missiles...

Enfin, le USS Zumwalt intègre des Common Display Systems (CDS), stations de travail standardisées utilisant la virtualisation pour segmenter les accès réseau par criticité, au sens militaire du terme, ainsi que pour permettre une plus grande souplesse. Chacun de ces CDS peut faire fonctionner de nombreuses machines Linux virtuelles sur LynxSecure de LynuxWorx, un noyau de séparation mis en œuvre dans les CDS en tant qu'hyperviseur.

Une nouvelle qui sort juste au bon moment pour faire grincer Oracle des dents...

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