01/06/2015

La DISIC encourage la contribution aux logiciels libres, les éditeurs propriétaires s’insurgent.

La Direction interministérielle des SI de l’État a courageusement soutenu la transition vers le logiciel libre depuis deux ans et envisage maintenant de permettre aux fonctionnaires de l’institution de contribuer aux solutions libres sur leur temps de travail. La réaction des éditeurs de logiciels propriétaires ne s’est pas fait attendre.

C’est un chemin long et semé d’embûche qu’a décider de parcourir la Disic. Depuis la parution de la circulaire « Ayrault » il y a plus de deux ans, l’utilisation des logiciels libres est encouragée dans l’administration.

Round 1 : CIO-Online

Le 19 mai dernier, c’est par la voix de son directeur Jacques Marzin que la Disic communiquait dans un édito de CIO-Online sa volonté d’aller plus loin.

Dans ce communiqué, Jacques Marzin rappelle l’importance de la publication du SILL (Socle interministériel des logiciels libres) dont la seconde version a été publiée en février dernier. Le SILL "simplifie la tâche des services informatiques et contribue à une meilleure rationalisation du SI de l'État" : pour chaque fonctionnalité, une solution libre est exposée. Ce socle est le fruit du travail d’une équipe interministérielle visant à l’appropriation des solutions par l’administration, mutualisant la veille technologique et simplifiant la complexité des choix.

Dans ce même article, Jacques Marzin indique alors que l’adoption de ce socle ne pourra être effective qu’avec un accompagnement réel du déploiement. Il est donc adjoint maintenant de guides fondés sur les retours d’expérience. Le premier du genre est consacré à la migration vers les bases de données PostgreSQL. Les prochains guides concerneront les serveurs de fichiers Samba, les outils de configuration et de virtualisation.

Le directeur de la DISiC précise que cette stratégie est « loin d'une posture idéologique et partisane, le choix ou non d'une solution libre doit répondre à une série de critères objectifs. Des critères économiques, techniques, d’exploitabilité, de maîtrise des compétences, expertise, temporels ou encore des aspects de souveraineté nationale » sont à l’œuvre.

« La stratégie de l'État en matière de logiciel libre ne peut plus dépendre du bénévolat, de l'altruisme et des compétences d'un cercle restreint de passionnés."

Jacques Marzin défend la possibilité pour des membres appartenant aux différents ministères de consacrer « sur une période donnée, une fraction significative de leur temps de travail à des travaux sur le logiciel libre »

Round 2 : NexInpact

Dans une deuxième interview donnée à NextInpact  Jacques Marzin enfonce pour ainsi dire le clou et souhaite que "Disic soit plus prescriptive et plus directive en termes de ligne éditoriale qu'elle ne l'a été jusqu'ici", ajoutant vouloir faire « monter en accessibilité LibreOffice ». Malgré tout, la DISIC ne semble pas être favorable à une politique d’obligation dans le domaine du logiciel libre, bien que le parlement ait adoptée via la loi enseignement 2013 la priorité au logiciel libre.

Round 3 : la réaction des éditeurs

Les éditeurs se sentent clairement menacés dans ce contexte. Un article publié par les Échos le 29 mai dernier est une réponse du berger à la bergère. Les termes sont peu amenés: Loïc Rivière, délégué général de l’Afdel, "s'insurge" que "l’administration relance les guerres de religion, alors que la coexistence des formats est aujourd’hui une réalité admise par tout le monde ».

La pomme de discorde est la création d’une messagerie d’État pour un million de fonctionnaires et la création d’un cloud public. Les clauses de localisation des serveurs sur le territoire national exclu de fait de grands acteurs propriétaires comme Microsoft, Google ou Amazon.  Au-delà de ces deux projets, c’est bien la dynamique volontariste de la DISIC qui est condamnée et l’on imagine assez bien que les cabinets de lobbying sont sur le pied de guerre dans cette période.

Pourtant, les faits sont bel et bien là, les logiciels libres sont vecteurs d’économies substantielles pour l’administration française. En 2013, le ministère de l’intérieur indiquait que le remplacement d’Outlook par Thunderbird avait divisé par cinq la facture pour les services de l’état.

Actualités